14 Nov Intelligence Artificielle : bénédiction ou malédiction ?
Les points de vue sur l’IA divergent. Les uns présentent l’intelligence artificielle comme un bien nécessaire pour améliorer la qualité de notre vie professionnelle et privée. D’autres craignent que les robots prennent la place des humains. Les annonces prophétiques sur l’Intelligence Artificielle vont bon train. Mais qu’en est-il exactement ? Savons-nous réellement ce que cette révolution va modifier dans notre quotidien professionnel ?
Au commencement était la machine
La philosophie de l’intelligence artificielle est de « vouloir doter des machines de systèmes informatiques ayant des capacités intellectuelles comparables à celles des hommes ». Cette idée est née au début des années 50. Certains ont préféré parler de « systèmes à base de connaissances », ou « d’informatique avancée ». Alors pourquoi lui avoir donné la dénomination « d’Intelligence Artificielle » ? Simplement parce que cette nouvelle discipline a pour ambition de fabriquer des machines (artificielles) à l’image de l’homme (intelligent), et qui comme lui pourraient penser, raisonner, comprendre, apprendre, décider, voire rire ou aimer à notre place.
L’IA vise à simuler sur des ordinateurs et des réseaux électroniques, par l’intermédiaire de programmes informatiques, un certain nombre de comportements cognitifs – ou façons de penser – des cerveaux biologiques. Les premières recherches dans ce domaine ont plus d’un demi-siècle d’existence. Mais c’est aussi un ensemble de technologies permettant aux machines de percevoir, comprendre, agir et apprendre, que ce soit par elles-mêmes ou pour enrichir les activités humaines.
L’IA est donc censée diminuer les tâches rébarbatives au profit de tâches à fortes valeurs ajoutées, telles que l’innovation. Dans un futur proche, nous allons donc collaborer et partager notre travail avec des robots et des algorithmes. Les équipes seront composées d’humains et de robots, et certains d’entre nous seront managés par de l’IA.
Avec seulement 60 années de recul sur la question et une petite dizaine d’années sur le deep learning (ou apprentissage par la machine), nous en sommes encore à l’âge de pierre. Mais attention, les échelles de temps sont différentes : une année d’histoire humaine, c’est un siècle d’histoire informatique. La vitesse de développement de l’IA et de ses nouvelles technologies est incroyablement rapide. Si nous voulons en faire uniquement un outil d’aide à la décision, il nous faudra probablement augmenter nos capacités cognitives, ce qui fait appel à une vraie réflexion sociétale.
L’IA aujourd’hui
Certes, il est difficile de tout comprendre et de tout appréhender des techniques et des domaines d’applications de l’IA, tellement ses imbrications sont multiples et variées. Elles s’appuient sur plusieurs dizaines de modules logiciels différents qui vont de l’exploitation de grandes bases de données et de connaissances structurées ou non structurées, à l’interprétation des informations de l’audio et du visuel, ainsi que la captation des sens jusqu’au traitement du langage.
De fait, l’Intelligence Artificielle n’est plus une option que l’on pourrait choisir de décocher, elle est devenue indispensable. Tout le monde utilise de l’IA, sans nécessairement s’en rendre compte. En effet, toutes nos recherches ou nos conversations sont assistées par de l’IA (moteur de recherche, assistance orthographique, publicités ciblées). Et notre dépendance ne fait qu’augmenter : on n’imagine plus nos vies sans smartphone et sans ses applications qui fonctionnent pour certaines avec de l’IA.
Les avancées technologiques de l’IA risquent non seulement de changer nos habitudes de travail et notre environnement professionnel, mais aussi de bouleverser les modèles économiques et de création de valeur. Il y a encore deux ans, les entreprises parlaient surtout de Big Data. En 2019, la quantité de données massives, les capacités du cloud et les puissances de calcul ont atteint un palier décisif pour permettre à l’IA de se développer.
Et demain ?
Demain ne sera pas comme hier, car l’Intelligence Artificielle servira non seulement à l’exécution des tâches répétitives, mais elle exécutera aussi une grande partie des travaux considérés aujourd’hui comme intellectuels. Tout cela va nécessiter d’inventer de nouvelles formes d’apprentissages et de remettre en cause notre système éducatif. S’agissant de l’emploi, sujet qui suscite le plus de craintes, force est de constater que l’impact de l’IA reste incertain, les études disponibles fournissant des résultats contradictoires.
Même si aujourd’hui elle n’en est qu’à ses débuts (nous parlerons d’IA faible), l’Intelligence Artificielle représente dès maintenant un réel enjeu politique, économique, philosophique et scientifique.
L’Intelligence Artificielle
Ce qui va changer dans nos vie professionnelles
Didier Aït, Editions Ovadia, 2019. 340 p.
Sophie Perrin
Posté à 16:16h, 20 novembreL’Intelligence artificielle doit traverser les phases de toute innovation majeure (comme l’ont été Internet et les smartphones il y a quelques années) : de la peur à l’adoption massive, ce moment où on se demande comment on faisait avant que cela n’existe !
Et comme toute innovation , elle doit être accompagnée d’une réflexion éthique qui encadre son utilisation pour le bien de l’humain, et non à son détriment, et d’un accompagnement du changement que cette innovation produit dans les entreprises et dans la société.
J’apprécie la citation de Marie Curie choisie en page d’accueil : « Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre. »
Je me réjouis de pouvoir bientôt lire ce livre et ses pistes de réflexion sur ce sujet hautement d’actualité !