Didier Aït

Diplômé de l’ESC de Toulouse (Management Consulting MBA), Didier AÏT a co-fondé la société Optim’ease pour accompagner les dirigeants dans la transformation digitale et la conduite du changement de leur organisation. Son sujet d’expertise repose sur la réalisation de projets numériques complexes, en y associant les valeurs, la culture, le savoir-faire et la singularité de l’entreprise. Egalement auteur et conférencier, il partage ses réflexions sur la situation du chef d’entreprise face à l’IA.

Didier Aït Portrait 2023

Rencontre avec Didier Aït

Didier Aït Portrait 2023
Quels sont pour vous les principaux dangers liés à l’IA pour une PME-PMI ?

Le premier danger est qu’une entreprise désirant mettre en place un projet d’IA sans avoir une vision à long terme et une stratégie adaptées aux changements, risque de se faire engloutir par une stratégie unique, celle des GAFAM.

Le second danger serait que l’IA devienne une sorte d’oracle. Cela aurait pour conséquence de restreindre le libre arbitre du dirigeant et de ses équipes.

Le troisième danger est de voir l’IA devenir un espion industriel au service d’enjeux géopolitiques.

Face à l’inflation galopante de l’IA, vous pensez que l’époque des certitudes est révolue pour le dirigeant  ?

Certainement, car aujourd’hui, les dirigeants ne peuvent plus seulement s’appuyer sur des logiques cartésiennes, mais doivent intégrer de nouveaux modes de pensées, telles que la pensée complexe et la systémique.

Pour quelles raisons, est-il indispensable à un dirigeant de comprendre les enjeux de l’IA pour son entreprise ?

Il est évident que la première raison est de développer et de pérenniser son entreprise. A cela s’ajoute la nécessité de faire face à l’imprévisibilité et d’avoir la capacité de résoudre des problèmes complexes.

Comment envisager la nouvelle fonction du dirigeant face à l’IA ?

Comme nous le constatons, l’IA a un impact sur la manière de diriger et de prendre des décisions. Le premier conseil sera de savoir s’adapter en permanence, tout en faisant évoluer les pratiques de son organisation. Cette démarche implique quelques règles :

  • Apprendre à connaître l’IA et ses différentes formes,
  • Se former sur ses enjeux,
  • Faire preuve de transparence et de dialogue avec ses collaborateurs,
  • Favoriser l’autonomie et la responsabilité des équipes pour gagner en efficacité.
Quand on aborde le sujet de l’intelligence artificielle et du management, la première question que se posent les managers est : « l’IA pourra-t-elle nous remplacer ? »

Certes non, car le manager dispose de deux cartes maîtresses dans son jeu : « son humanité et sa personnalité ». Celles-ci lui permettent de s’adapter en temps réel aux différents publics auxquels il s’adresse, c’est-à-dire qu’il va interagir différemment avec chaque interlocuteur et réagir, non pas de façon rationnelle comme le ferait une machine, mais de façon émotionnelle et politique, ce qui est un atout de taille pour harmoniser les situations.

Qu’apportera l’IA en terme de bénéfices pour le manager ?

L’intelligence artificielle permettra de décharger les travailleurs des tâches fastidieuses et libérer ainsi leurs capacités à imaginer, créer et innover. Ce qui augure une authentique « révolution managériale », laquelle renvoie bien sûr au management de projet.

Comment caractériser le manager du futur ?

Le manager du futur sera un architecte des systèmes sociaux, capable de favoriser l’éclosion de nouvelles dynamiques d’innovation et de collaboration entre les individus. Il ne s’appuiera pas forcément sur son expertise métier pour déléguer et accompagner ses équipes.

Sa principale mission sera d’être un manager transverse, capable d’acculturer ses collaborateurs sur cette nouvelle utilisation de la donnée en intégrant les logiques des systèmes d’IA et leurs performances dans ses actions managériales. Il aura aussi pour mission de construire de nouveaux indicateurs de performances.

Votre rêve professionnel serait… ?

Mon rêve est de contribuer à réaliser des projets numériques et éditoriaux, qui permettent aux entreprises de préserver et de mettre en avant leurs savoir-faire et leurs singularités, pour créer une richesse partagée.

Que proposez-vous aux entreprises pour qu’elles réussissent leur transformation numérique ?
Didier Ait, auteur, intelligence artificielle

Un projet d’intelligence artificielle doit se dérouler au minimum en 6 étapes :

  • Etape 1 – Préparer l’entreprise à sa métamorphose, en définissant ses valeurs et ses règles éthiques en fonction de son histoire, de sa culture et de son écosystème, et en construisant une vision sur le long terme pour établir une stratégie globale adaptée au changement permanent.
  • Etape 2 – Etudier la faisabilité du projet avec l’ensemble des équipes et choisir ensuite l’algorithme.
  • Etape 3 – Associer les équipes au projet d’IA en communiquant avec elles de façon régulière.
  • Etape 4 – Apprendre le métier à l’algorithme, selon les règles éthiques de l’entreprise. C’est la phase la plus critique.
  • Etape 5 – Mettre l’algorithme en production afin qu’il puisse travailler de façon autonome.
  • Etape 6 – Suivre en permanence sa production pour pouvoir corriger ses écarts sous la forme d’un plan de maintenance.
Didier Ait, auteur, intelligence artificielle

Certaines sociétés marginalisent les individus au profit d’une automatisation à outrance, sans partage ni concertation. Ses salariés deviennent ni plus ni moins que des robots. La relation humaine est complètement aseptisée.

Le problème, c’est qu’avec le développement de l’intelligence artificielle, certaines entreprises risquent d’amplifier cette marginalisation au profit de l’IA, et faire de l’humain le paria de l’entreprise.

Une entreprise qui privilégie une course irrationnelle à sa numérisation, risque d’en oublier sa finalité, qui est de faire perdurer son savoir-faire, ses valeurs et son originalité, pour créer une richesse partagée.

L’automatisation ne doit pas se faire au détriment de l’humain.
Elle doit permettre d’augmenter la performance des individus.

C’est pour accompagner des dirigeants qui partagent ces valeurs que j’en suis venu à co-fonder Optim’ease, société spécialisée dans l’assistance à maîtrise d’ouvrage de projets numériques complexes.